Traumatisme de violence sexuelle : Témoignage de la vétérane Tara Jones Wise
Symposium "Les Femmes, la violence et la méditation"
Le 31 Mars 2012 s’est tenu au Muséum de l'Intrepid Sea, Air and Space Museum de New York, un symposium nommé « Les Femmes, la violence et la méditation », parrainé par la Fondation David Lynch et les films « Third Fire ».
Tara Jones Wise est directrice générale de l'Association nationale des anciens combattants femmes d'Amérique (National Women Veterans Association of America (NWVAA). Au cours du forum Tara Jones Wise raconte son histoire de violence sexuelle militaire*, et comment elle a pu surmonter ce traumatisme.
Jim Luce dans son article sur Daily Kos explique : Quand j'ai lu que 19.000 femmes par an sont violées dans l'armée Américaine, je pensais qu’il s’agissait d’une faute de frappe. Quand j'ai lu la phrase suivante disant que les femmes de nos forces armées étaient plus susceptibles d'être violée par nos propres soldats que par l'ennemi, je me suis rendu à l’évidence. Si les soldats d’une nation violaient 19.000 femmes américaines, je crois que Washington riposterait avec l’armement nucléaire. Mais comment atomiser nos propres GI dépravés ? ... Toutes les neuf secondes, une femme est agressée ou battue aux États-Unis. J’ai appris qu’au cours de sa vie, une femme sur trois a été battue, contrainte à avoir des rapports sexuels, ou maltraitée. Le plus souvent, par un membre de sa propre famille.
* Le terme de "Traumatisme sexuel militaire" (ou Military Sexual Trauma - MST en Anglais) est utilisé par le Département des Anciens combattants des États-Unis (Department of Veterans Affairs - DVA) pour désigner les actes tels que le viol, les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel qui se produisent durant le service actif au sein de l'armée.
Transcription de la vidéo : Traumatisme de violence sexuelle
Tara Jones Wise : Toute ma famille est dans l’armée. Mon père a servi dans l'US Navy. Tous les hommes de ma famille du côté de ma mère ont servi dans l'armée. Et je suis la première femme de ma famille à servir dans l'armée Américaine.
Je vais être honnête avec vous, je ne partage pas beaucoup mon histoire… Je suis une victime de traumatisme sexuel militaire*. Le traumatisme sexuel militaire est l'un des traumatismes les plus humiliants, mutilants, et le plus déplorables qu'une personne puisse endurer.
Ce n'est pas tellement le viol, ce n'est pas le seul problème. Le problème c’est aussi comment vous êtes diffamé, dévisagé. On dit de vous, que vous le vouliez ou que vous l’aviez encouragé, que vous êtes une menteuse.
Les statistiques sont alarmantes : 19.000 agressions sexuelles l'année dernière au sein de nos forces armées en service actif, 19.000 personnes ne mentent pas.
Il y a beaucoup de gens qui s’occupent des vétérans et beaucoup d'organisations, mais quand je suis allé vers elles, il n'y avait rien pour les femmes, il n'y avait rien pour moi.
Ils me traitaient comme si j'étais encore en service actif, ils me parlaient comme si j'étais encore en service actif. Et cela n’a fait que pérenniser toutes ces choses négatives que j'avais connues dès lors.
Et je voulais mourir. Je me sentais inutile. J'ai commencé à boire et à sortir toute la nuit, j’ai abandonné les tâches ménagères et les factures. J’ai fuit tout cela avec une telle facilité.
Je suis finalement allé sur Internet et j’ai commencé à rechercher des vétéranes femmes comme moi. J’ai commencé à les consulter, une à une, au département des anciens combattants (Department of Veterans Affairs - DVA), mais je devais toutefois encore trouver quelque chose pour ma vie quotidienne.
Et j'ai trouvé... la Méditation Transcendantale.
Le tout premier jour où j'ai appris était si puissant pour moi. Et je me suis sentie vraiment bien. Je voudrais juste que tout le monde se sente comme je me sens.
Une fois que j'ai commencé à méditer, mon poids a commencé à diminuer. Je me sens mieux, en bien meilleure santé, j'ai beaucoup plus d'énergie. Je suis capable de mieux me concentrer, et d’être simplement heureuse de vivre.
Je n'aurais vraiment jamais pensé que je serais à la tête d’une organisation pour femmes. Je voulais seulement m'assurer que les femmes comme moi, qui ont souffert de désirs suicidaires, qui ont été victime de traumatisme sexuel militaire (MST), qui ont eu des expériences dramatiques, qui ont subi beaucoup de stress et qui ne savent pas comment faire la transition du service actif, qu'il y avait quelque chose de disponible et que ça marche.
Ça sauve des vies. Et ça va sauver encore plus de vies. Et nous allons juste pour assurer que tout le monde soit au courant.