Bangor - L'initiation des Beatles à la méditation (The Anthology p261)
PAUL McCARTNEY : Au début c'était une grande excursion. On appelait nos copains : « Eh, venez le voir ! » C'était comme un bon livre qu'on aurait lu : « Tu devrais lire ça. Je vais t'en envoyer un exemplaire ! »
Je me souviens de Cynthia loupant le train, ce qui était terrible et très symbolique. Elle a été la seule de notre groupe à ne pas monter à bord. Il y a un bout de film sur lequel on la voit rater le train. C'était vraiment la fin entre John et elle, assez bizarrement. Il y avait foule à la gare, et aussi à notre arrivée à Bangor. On s'est frayé un chemin dans nos fringues psychédéliques. On aurait dit un camp de vacances.
Le séminaire se déroulait dans une école : on s'assied et il explique comment méditer, et puis on va dans sa chambre et on essaie.
JOHN LENNON : Il n’y a pas de position du lotus et il ne faut pas se tenir sur la tête, rien de tout ça. On le fait aussi longtemps qu’on veut : « Vingt minites par zour pour li travailleur. Vingt minites li matin et vingt minites apris li travail. » Ça rend heureux, intelligent et [ça donne] plus d'énergie. Je veux dire, regardez comment tout ça a commencé. Je crois qu'il a atterri à Hawaï en chemise de nuit - complètement seul, personne avec lui - en 1958.
Une de ses analogies est que c'est comme plonger un vêtement dans de l'or. On le plonge et on le ressort. Si on le laisse dedans il se détrempe, comme si on restait toute sa vie assis dans une grotte. Et si on le sort il se fane. La méditation c’est donc dedans et dehors, dedans et dehors. Si bien que quand on le ressort au bout de n’importe quel nombre d’années, il n’a pas bougé.
Pas besoin d’aller au pays de Galles pour pratiquer ni même de se couper de la société et de la réalité. Et si on n’a pas été accro au point d’entrer en transe. Je ne comprends pas pourquoi les gens sont si bornés et pourquoi ils n’ont pas l’esprit ouvert. Si le Maharishi demandait aux gens de consacrer leur vie à la méditation, ce serait différent. Mais quel mal ça peut faire à quelqu’un d’essayer trente minutes par jour ?
Ça rend heureux, intelligent et [ça donne] plus d'énergie - John Lennon
RINGO STARR : Maureen avait eu le bébé et comme tout allait bien on est tous partis au pays de Galles pour rencontrer le Maharishi. A ce moment-là il ne savait pas qui on était, ce qui est vraiment fabuleux. Mais quand on est descendus du train et qu'il a vu tous les mômes se précipiter, je pense qu'il a dû se dire : « Ouah, ma situation s'améliore. » Ils sont passés près de lui en courant et ils nous regardaient tous, alors je crois qu'il a réalisé que ces quatre garçons pouvaient faire passer son message vraiment vite. Et donc après qu'on l'a rencontré a proposé qu'on recommence les tournées et qu'on ouvre un endroit dans chaque ville. Mais on ne l'a pas fait parce que les choses ont commencé à changer.
Il y avait beaucoup de gens là-bas — Donovan était là. Tout le monde était très disponible : « Il se passe quoi ? Faisons ci, allons voir ça. »
RINGO STARR : J’ai été très impressionné par le Maharishi. J'ai été impressionné parce qu'il se marrait tout le temps. Ça m'a vraiment frappé la première fois que je l'ai vu : cet Homme est réellement heureux et il est en train de vivre une belle vie. On a donc suivi ses conférences, on a commencé à méditer et on nous a donné nos mantras. C'était un autre point de vue. On a abordé pour la première fois les philosophies orientales, et ça a été une autre avancée.
JOHN LENNON : Bangor, c'était incroyable. Maharishi considère que le message passera si nous pouvons le diffuser. Les gens nous connaissent, savent ce qu'on pense, comment on a été élevés et ce qu'on a fait. On serait capables de leur expliquer et ils comprendraient, ils savent qu'on n'essaierait pas de les rouler. Et plus il y a de gens qui pratiquent, plus on peut imaginer qu'une de ces personnes deviendra peut-être un jour Premier ministre ou autre. Il serait de toute façon sûrement meilleur qu'un Harold Wilson, non ? S’il y a la moindre possibilité de faire passer ça, ça vaut le coup. Au moins, ça ne peut pas faire de mal.
Ce qu'il dit à propos de la vie et de l'univers c'est le même message que Jésus, Bouddha, Krishna, que tous les grands ont répandu. Si vous demandez quelques règles de vie au Maharishi, ce seront les mêmes que celles du christianisme. Le christianisme est également la réponse ; c'est la même chose. Toutes les religions se ressemblent, ce n'est qu'une question d'ouverture d’esprit. Bouddha c'est le pied, Jésus est super (mais Maharishi ne fait pas de miracles pour commencer). Je ne sais pas s'il est divin ou si c'est un surhomme. Il est né tout à fait ordinaire, mais il y travaille.
Même si on aborde la méditation par simple curiosité ou cynisme, une fois qu'on est dedans on voit. La seule chose qu'on peut faire c'est porter un jugement sur sa propre expérience. Je suis moins sceptique que je l'ai jamais été. Mick [Jagger] est venu renifler et il a téléphoné pour dire : « Envoyez Keith [Richar], envoyez Brian [Jones] envoyez-les tous. »
Même si on aborde la méditation par simple curiosité ou cynisme, une fois qu'on est dedans on voit. La seule chose qu'on peut faire c'est porter un jugement sur sa propre expérience - John Lennon
MAHARISHI MAHESH YOGI : Ils sont venus en coulisse après une de mes conférences et m'ont dit : « Depuis notre plus jeune âge nous sommes en quête d'une existence hautement spirituelle. Nous avons essayé les drogues, mais ça n'a pas marché. » Ce sont des jeunes gens si réalistes et si intelligents qu'il ne leur a fallu que deux jours pour découvrir que la Méditation Transcendantale est la réponse.
JOHN LENNON : Une autre chose géniale : tout le monde offre une semaine de salaire en arrivant. Je pense que c'est la chose la plus juste qu'il m'ait été donné d'entendre. Et c'est tout ce qu'on a payé, une seule fois.