The Beatles Anthology p282 - Anniversaire de George et journée habituelle à l'ashram (The Beatles Anthology p282)
RINGO: We had a big party for George's birthday. It was crowded with people and we all got dressed up and had red and yellow paint on our foreheads.
RINGO : On a fait une grande fête pour l'anniversaire de George. Il y avait plein de monde et on s'est tous déguisés, on s'est mis de la peinture rouge et jaune sur le front.
GEORGE : J'ai fêté mon vingt-cinquième anniversaire à Rishikesh (un tas de gens ont fêté leur anniversaire pendant qu'on était là-bas). Il y avait plein de fleurs, des guirlandes... Maharishi m'a demandé de jouer du sitar.
PAUL : Les jours ordinaires, ça ressemblait beaucoup à un camp de vacances. On se levait le matin et on descendait prendre le petit-déjeuner en commun. La nourriture était végétarienne (ce qui me convient très bien aujourd'hui) et je crois qu'au petit déjeuner, on avait des cornflakes.
Après le petit-déjeuner, chacun retournait dans son chalet et méditait un moment ; on mangeait un morceau et on pouvait discuter, ou faire un peu de musique. à la base, c'était manger, dormir et méditer, avec, de temps à autre, une petite conférence de Maharishi.
On devait être une centaine. Il y avait plein de fleurs sur l'estrade et Maharishi entrait. C'était presque magique. Il disait : « Ceci n'est qu'un système de méditation. Je ne vous demande pas de croire à quelque Dieu suprême ni à aucun grand mythe. Ceci n'est qu'un système destiné à vous aider à vivre plus sereinement ».
Pour cette raison précise, je pense aujourd'hui que tout cela a été une bonne chose. Je ne crois pas à toutes ces histoires de gens qui volent ou lévitent. Mais ça m'intéresse, parce qu'on peut vraiment prendre des cours pour apprendre ces « siddhis », comme ils les appellent, et on vole, on décolle un peu du sol. Je me souviens très bien qu'au cours d'une petite conversation avec le Maharishi, on lui a demandé s'il était possible de léviter. Il us a répondu : « Moi, je n'y arrive pas, mais je connais quelqu'un dans le village voisin qui peut le faire ». On demandé : « On peut y aller ? On adorerait voir ça ». Ça nous aurait fait un truc à raconter dans nos lettres, mais on n'a jamais réussi à voir le type.
Le soir, des séances de questions et de réponses étaient organisées. Au cours de l'une d'elles, un Américain levé et a dit : « Maharishi, j'ai eu des problèmes, mais j'ai suivi vos conseils. L'autre jour j'étais en train de méditer quand un gros serpent s'est dirigé vers moi. Je suis de New York et j'ai vraiment peur des serpents, mais je me suis souvenu de ce que vous m'aviez dit et je l'ai regardé — par l'esprit — je l'ai regardé droit dans les yeux et il s'est transformé en morceau de ficelle ondulante ». J'ai trouvé cela très symbolique : faites face au danger et vous vous apercevrez qu'il n'est pas aussi terrible que vous le pensiez.
J'ai appris à méditer. Je ne le fais plus autant aujourd'hui, mais j'explique à mes enfants que cela vaut la peine d'apprendre. Quand on est bloqué ou un peu perturbé, c'est formidable.
Le Maharishi était très intéressé par la technologie moderne ; il pensait que ça pourrait l'aider à parcourir le monde, à faire passer plus rapidement son message. Un jour il a dû se rendre à New Delhi. Un hélicoptère est venu au camp et a atterri sur la plage, au bord du fleuve. On traînait tous là avec nos caftans, quand on nous a dit : « L'un de vous peut aller faire un petit tour avec le Maharishi. Alors, qui ? » Bien entendu, ça a été John. Plus tard, je lui ai demandé : « Pourquoi avais-tu une telle envie de monter avec le Maharishi ? » — « Pour être franc, m'a-t-il répondu, je pensais qu'il allait me donner la Réponse. » C'était tout John...
JOHN : Mis à part ce que j'étais censé faire là-bas, j'y ai écrit quelques-unes de mes meilleures chansons. L'ambiance était sympathique. Et sécurisante aussi, tout le monde souriait, tout le temps. Ne serait-ce que pour les chansons qui sont nées là-bas, ça valait la peine d'y aller. Mais cela aurait aussi bien pu être le désert, ou le Ben Nevis. Il y a pourtant quelque chose de curieux à propos du camp : c'était très beau, j'y méditais huit heures par jour… et j'écrivais les chansons les plus sinistres qui soient ! Quand j'écris « I'm so lonely I want to die » dans « Year Blues », je suis sérieux. Je me sentais comme ça. Être là-haut, à la recherche de Dieu, et avoir m de se suicider.
Quand on naît, dans son berceau, on sourit quand on a envie de sourire. Mais le premier jeu consiste à sourire avant qu'on vous touche. La plupart des gens tourmentent les enfants dans leur berceau ; on les fait sourire alors qu'ils n'en ont pas envie : fais risette et tu auras à manger. Ce n'est pas ça, la joie. On ne peut pas être joyeux si on ne se sent pas joyeux, ou alors, c'est bidon. Maman vous fait sourire ou vous dit « Hare Krishna » avant même que vous vous sentiez bien et on entame un processus de falsification des sentiments. Quand on se sent bien, on se sent bien. Quand on se mal, on se sent mal. On peut pas sortir de là. On peut prendre des drogues, se saouler, faire n'importe quoi, on ne fera que supprimer les sentiments. Je n'ai jamais rencontré quelqu’un qui soit pleinement joyeux, ni le Maharishi, ni aucun Swami ou chanteur de Hare Krishna. I1 n'y a pas de constante. Il n'y a que ce rêve de joie constante - pour moi, c'est de la connerie. Il n'y pas d'« état », il n'y a pas d'absolu.
D'une certaine manière, la douleur ressemble à la nourriture, ou à la vie : douleur et joie.
Cela pénètre dans le corps et si on ne les ressent pas, si on ne les exprime pas elles restent là... une forme de constipation. Il est impossible d'éviter la douleur. On ne peut pas lui échapper. Elle est là, quelque part dans le corps. Elle ressortira par les nerfs ou par le nombre de cigarettes qu'on fume, ou par les actions que l’on accomplit. Elle fera devenir chauve par exemple... Elle se manifeste sous une forme ou sous une autre. On ne peut pas s'en débarrasser.
Je pense que tous les jours, chacun connaît le paradis et l'enfer ; il faut l'accepter. Ressentir, c'est vivre. La vie consiste à ressentir toutes sortes de choses. Chaque jour, c'est la même chose : un peu de paradis et un peu d'enfer. Il n'existe pas de journée totalement joyeuse. Il y a des jours meilleurs et des jours pires. Mais je crois que chaque jour contient les deux. C'est comme le « Yin » et le « Yang », ou quel que soit le nom qu'on lui donne. C'est les deux ».