Dear Prudence, Bungalow Bill et Ringo (The Beatles Anthology p 284)
PAUL : Mike Love était à Rishikesh. Donovan y était aussi. Je me souviens de gens comme ça. Mia Farrow était là, en compagnie de sa sœur Prudence. John a écrit la chanson « Dear Prudence » pour elle : elle avait fait une crise de panique et ne pouvait pas sortir de son chalet.
RINGO : Prudence méditait et hibernait. Pendant les deux semaines où j'ai été là, on l'a vue deux fois. Tout le monde allait cogner à sa porte : « Tu es toujours en vie ? »
JOHN : Personne n'imaginait qu'elle allait devenir complètement givrée sous la responsabilité du Yogi Maharishi Mahesh. Mais ses amis se faisaient énormément de souci parce qu'elle perdait la tête. Alors on chantait pour elle.
Comme elle avait confiance en nous, George et moi avons été désignés pour essayer de la faire sortir. Elle devenait complètement dingue. En Occident, on l'aurait internée. On l'a fait sortir de sa maison. Elle était enfermée depuis trois semaines et ne voulait pas mettre le nez dehors pour atteindre Dieu plus vite que tous les autres... Car il y avait une compétition dans le camp du Maharishi ,• c'était à qui deviendrait cosmique le premier (Ce que j'ignorais, c'est que j'étais déjà cosmique).
PAUL : J'ai écrit deux ou trois petites choses là-bas. J'avais une chanson intitulée « I Will », mais je n'avais pas de paroles. Et puis j'ai écrit un bout de « Ob-la-di, Ob-la-da ». On allait voir des films au village. Un type installait un écran mobile et tous les villageois arrivaient. Ils adoraient ça. Je me rappelle avoir emprunté un petit sentier dans la jungle pour aller du village au camp. J'avais ma guitare et je chantais : « Desmond had a barrow in the market place... »
JOHN : J'ai écrit « The Continuing Story Of Bungalow Bill » à propos d'un type qui a fait une petite pause pour aller abattre quelques malheureux tigres, avant de revenir communier avec Dieu. Il existait un personnage nommé Jungle Jim et je l'ai combiné avec Buffalo Bill. C'est une sorte de commentaire social d'adolescent, et aussi une facétie.
PAUL : RINGO EST RENTRÉ AVANT NOUS. IL NE SUPPORTAIT PAS LA NOURRITURE, ET SA FEMME NE SUPPORTAIT PAS LES MOUCHES.
C'était compréhensible : il est terriblement britannique. On mangeait des currys et de la nourriture épicée, et il a l'estomac fragile (probablement à cause de la péritonite qu'il a eue, enfant). Maureen n'aimait pas les mouches - s'il y avait une mouche clans une pièce, elle savait exactement, à chaque instant, où elle se trouvait. Un jour, elle est restée enfermée dans sa chambre parce qu'il y avait une mouche sur la porte. A l'évidence, les conditions de vie à Rishikesh n'étaient pas idéales pour elle
RINGO : J'ai un peu de mal à me souvenir de tout ça. Je ne suis resté là-bas que deux semaines et puis je suis rentré. Je n'en retirais pas ce que j'avais espéré.
La nourriture était impossible... je suis allergique à un tas de choses. J'avais emporté deux valises avec moi, une de vêtements et une autre bourrée de haricots Heinz (et une pub, une). Et puis un matin, les types chargés de la nourriture ont demandé : « Vous voulez des œufs ? » J'ai répondu : « Oui, bien sûr ». Le lendemain, il a récidivé. Je me disais : « Super - les choses s'améliorent ».
Et puis je les ai vus enterrer les coquilles. C'était le premier d'une I d'incidents qui m'ont fait penser que tout ça n'était pas forcément ce que j'avais cru. Les œufs n'étaient pas censés pénétrer dans cet ashram religieux dédié à la spiritualité. J'ai pensé : « Ça veut dire quoi, enterrer les coquilles ? Vous pensez sans doute que Dieu ne les verra pas ? ».
On est rentrés aussi parce que les enfants nous manquaient. Je ne voudrais pas que l'on pense que ça ne nous avait pas plu, alors j'ai déclaré que ça ressemblait au camp de vacances Butlins.
On avait appris que, quoi qu'on dise, c'était imprimé dans les journaux. Ça a été une bonne expérience - elle n'a simplement pas duré aussi longtemps pour moi que pour les autres.
PAUL : Ayant l'esprit pratique, j'avais prévu de rester à Rishikesh pendant une période bien définie. Au début, je m'étais dit : « Ouah, ça pourrait bien être le truc, mec. Si ça marche, peut-être je ne rentrerai jamais. » Et puis ça a été : « Minute. Je vais y aller un mois. Même si c'est formidable, je reviens dans un mois ». Si ça avait été quelque chose qui méritait vraiment qu'on y retourne, j'y serais retourné. Mais quand le mois s'est achevé, j'ai été content de partir.
Personne n'avait été soudainement illuminé. Je me suis dit : « Ça ira comme ça. Si je veux vraiment m'y consacrer, je peux le faire n'importe où ». C'est l’avantage de la méditation — on n'a pas besoin d'aller à l'église pour pratiquer.
En annonçant que je ne partirais qu'un mois, je prenais le risque de m'entendre dire par les autres que je ne me sentais pas concerné. C'est ce que Georges a fait. Il était très strict. Je me rappelle avoir parlé du prochain album et il m'a dit : « On n'est pas ici pour parler de musique - on est ici pour méditer. » Bon, d'accord, Géorgie boy. On se calme. Sens de l'humour exigé, tu sais. En fait, j'ai adoré aller là-bas.
En fait, j'ai adoré aller là-bas.
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